jeudi 3 décembre 2015

Allemagne (Baviere) - Autriche (Tyrol - Salzburg - Vorarlberg): Bad Reichenhall - Innsbruck - Bludenz - Oberjochpass

Messge publié par Léo



Sur la route secondaire aucun contrôle douanier n'a été rétabli. J'en suis surprise, je m'attendais à plusieurs heures d'attente, comme les journaux le mentionnent. Me voilà donc en Bavière, ça ne fait aucune différence. A Bad Reichenhall, Sophie m'attend avec un sourire splendide, un café fumant et beaucoup de bienveillance. Elle et sa colocatrice, Miriame ont été partenaires d'aventure six mois durant à travers l'Amérique Latine. Leur retour au pays date de février 2015, c'est une joie de découvrir grâce à elles cette étape du périple qui m'attend aussi très prochainement. J'avais prévu cet arrêt par l'intermédiaire de warmshowers (voir l'article à propos de cette organisation: http://www.jeandaetleo.blogspot.ch/search/label/Associations%20et%20H%C3%A9bergements) sachant qu'après la visite de GP, un temps de calme et de récupération émotionnel me serait indispensable. Je ne suis pas déçue! Mon séjour sera rassurant et apaisant.


Allemagne, Bad Reichenhall: chez Sophie et Miriame,

 La compagnie des deux jeunes filles est délicieuse, intense tout en étant reposante. Les échanges sont profonds, l'organisation détendue, l'écoute attentive, le partage authentique. Pour beaucoup d'entre nous, voyageurs au long-cours, le retour dans son milieu d'origine n'est pas une évidence. C'est une étape qui est partie intégrante du voyage, à ne pas négliger. C'est assez soudainement que la réalité de ma propre arrivée prochaine en Suisse me heurte. Elle devient tout à coup tangible lors d'un Skype avec ma famille qui me dis "à dans un mois". Le corps parle, tremblement, noeud à l'estomac, picotements à la racine des cheveux. Merde alors, j'arrive! Jusqu'à présent, les réjouissances, craintes, doutes, interrogations profondes et questionnements concrets quant à ce moment particulier de l'aventure avaient toujours été rapidement noyés dans la folie balkanique, trop souvent accompagnés d'un verre ou deux. J'en prends pleinement conscience en un instant! Il va falloir redresser la barre, donner la chance à ce moment d'exister, accepter les peurs liées à l'inconnu de l'après, les réticences aux changements entre le nomadisme et la sédentarité, les craintes des effets d'un quotidien plus routinier sur les perceptions du Monde, de soi, de la Vie... Ce coup de massue me donne aussi l'opportunité de réaliser ma chance d'être entourée d'une famille et de proches aimants, soutenants et dévoués. Je me dois d'apprécier ce cadeau à sa juste valeur, d'en profiter pleinement, intensément, de la manière la plus authentique possible. Quel électrochoc, un électrochoc salvateur! Il me reste à présent à plonger dans cette nouvelle aventure, la vivre consciemment et en tirer le meilleur. Les deux jeunes femmes me présenteront aussi Teresa avec qui l'entente est instantanée, le contacte magique. Celle-ci propose de m'accueillir à Innsbruck  elle étudie. Sophie, Miriame, merci! Je vous souhaite beaucoup de courage, de force et plein succès dans la poursuite des chemins que vous êtres entrain de vous tracer. 



Allemagne, Reit im Winkl: village touristique bavarois


Je suis la Deutscher Alpestrasse, la route est basse entre les monts élevés. Le décors et les villages sont similaires à ceux de l'Autriche qui se trouve d'ailleurs à quelques kilomètres de là. De loin en loin, de petits lacs enserrés dans ce paysage alpin: ils sont azure et verts, blancs et beige, grandiose! La zone est très touristique: hôtels, campings, remontées mécaniques, centre équestres, tennis, piscine, gasthof, golf 24 trous... Chic! Le vent est passablement frais, les promeneurs me saluent alors que je pic-nique sur un banc de Reit im Winkl avant les montées qui me ramènent dans le Tirol autrichien. Je peux apercevoir le tracé de la route de loin car un seul itinéraire est possible dans cette étroite vallée où viennent s'échouer, en quinconce, les bases de hauts monts. Tous les bleds portent un nom suivi de "im Tirol", ici l'on sait qui l'on est et d'où l'on vient! Les fermes massives sont surmontées d'une girouette décorée d'un coq, d'un cheval en fer forgé sous de petits toits côniques en tavillons qui abritent une cloche. Au sommet du faîte du toit, une croix chrétienne, architecture typique. Dans les pâtures, des chevaux Haplinger à crin blond et robe rouille, des vaches blanches tachées de beige, écornées, des moutons tondus et des lamas alpagas.


Autriche, Tirol: Kitzbuhel 

Aux alentours de Kitzbuhel, certains champs sont des cimetières à courges. Leur cadavre gonflés, rouge, orange, en putréfaction attendent le labour prochain pour se mélanger à la terre, redevenir poussière.  Ces parias gâtés, difformes, n'ont pas été jugés bon à la consommation. Dans un monde d'apparence, où l'on préfère l'esthétisme au naturel, les besoins de secondaires prennent le pas sur les besoins vitaux; de toute façon les ventres plats c'est à la mode. Les cannes de maïs sont fauchées à la moissonneuse, déchiquetées, puis des automates bruyants et terrifiants les compressent en botte qu'ils enroulent copieusement de plastique. Les animaux cet hiver auront droit, eux aussi, à leur nourriture sous vide! Où sont passés les charrettes roumaines et les "taf-taf" des tracteurs serbes? Ici, les machines agricoles sont des engins de course. Leurs roues hautes de 1,80m me dépassent à tout allure. Ça perd en charme et n'atténue peut-être pas beaucoup le labeur du paysan, maintenant seul à porter la responsabilité de la gestion de son exploitation. On m'informe que les cotas sur le lait ont été abolis. La surproduction fait chuter les prix sous la pression aussi des grand distributeurs. Comme en Suisse, il est ici impossible aux agriculteurs de vivre de leur métier (alors que rappelons-le, ce sont eux qui nourrissent les populations et que, pendant ce temps là, certaines entreprises du secteurs des services bouclent leur exercice comptable avec des bénéfices dont peu d'entre nous sont capables de comprendre la valeur: que signifie le terme "milliard"?). Tous comptent avec les subventions étatiques. Les consommateurs gagnent moins et veulent consommer plus. Bref, histoire connue, le revers du capitalisme. 


Autriche, Salzburg: Masif du Grossglockner (3798m) depuis la descente du col de Pass Thurn (1274m)

Montée du col de Thum (1274m). La haut c'est glacial et la vue merveilleuse, panoramique sur les glaciers du Grossglockner (3798m), du Muntanitz (3232m) et du Grossvenediger (3674m). Je me régale du spectacle emmitouflée comme un "Eskimo". Une vallée à fond plat, alpine me guide vers le col de Gerloss (1628m). Au hasard de la piste cyclable qui longe la Salzach retrouvée, Renart, explorateur du Sud-est asiatique depuis plus de 10 ans: je l'invite pour un café. C'est le jour d'ouverture de Tee-Room à Neukirchen am Grossvenediger, on nous offre canapés, mousseux et pâtisseries. La bonne affaire! Puis Renart me guide chez Christina et Wolfgang, deux baroudeurs qui ont pour habitude d'ouvrir leur maison aux voyageurs de passage. Quelle chance! Apéro sur le balcon de leur maison typique, en bois gravé, décoré de géraniums. Puis repas chaleureux et arrosé de Shyraz en compagnie de quatre professeurs de l'école du village. "L'hospitalité est un cercle vertueux. On se regarde dans les yeux, se serre la main, échange des politesses, des questions attendues, des point de vue. On franchir le pas de la porte, on se met à l'aise, on se livre, on se révèle, on donne du temps, le meilleur de soi-même. On nous rend la pareille, échange de bons procédés. On salue l'initiative, moi aussi, j'aurais toujours voulu, on se livre, on se révèle, on prends du bon temps,  le meilleur qui soit. Ainsi, de toit en toit, d'être humain en être humain. Et qu'importe s'il n'en reste rien au bout du compte. De toute manière, il n en restera rien. Poussière. [...on] joui[t] dans le présent. [On] n'y fait que passer" (Blaise Hoffman, L'Assoiffée). On finit tard et le pédalage du lendemain se trouvera ralentis par tant de générosité. Je ne m'attendais pas à vivre un tel accueil en Autriche! expérience magique!




Autriche, Salzburg: Christine et Wolfgang m'invitent chez eux le plus naturellement du monde.


Peu apres le col que j'atteins tout de même, je découvre le lac de Duriassboper surmonté des glaciers du Reichenspitze (3303m). Le soleil perse les nuages compactes et tache le bleu, le vert, le gris, puis le blanc par endroit. Une toile de maître de plusieurs kilomètres d'envergure. Longue descente jusqu'à Zeil am Ziller entre foret orangée, lumineuse, pâturages verts éclatants et bourgades conservant jalousement leur aspect traditionnel pour attirer les amateurs de randonnées et de sport d'hiver. Ici aussi, tout est orienté vers le tourisme. La vallée de Zillertal est large et agricole, je me retourne sur les glaces des Mlertaler Alpen qui forment une frontière naturelle avec l'Italie. Les eaux de l'Inn, chargées d'alluvions sont bleues-grises, le débit rapide, la rivière large. Sur les pistes cyclables à l'approche d'Innsbruck, on m'encourage, me congratule. La ville olympique a gardé ses traditions sportives. Les quais ne sont que parcs et jardins où l'on se promène, cours, joue. Partout des terrain de sport dans lesquels l'importante populations estudiantine s'adonne à toute sortes d'activités. Innsbruck , une ville qui bouge et où "activité outdoor" est le mot d'ordre!


Autriche, Salzburg: Montee du col de Gerlospass (1628m)



Autriche, Salzburg: Reichenspitze  (3303m), depuis la descente du col de Gerlospass (1628m)





Autriche, Salzburg: Vallee du Gerlostal


Theresa est absente quand j'arrive chez elle, un jeu de piste me conduit à dénicher une clé cachée, en suivant des petites notes qui me sont adressées. Dans la soirée, elle rentre d'une expédition grimpe avec des amis. C'est comme retrouver une veille connaissance, à nouveau la magie opère. L'une près de l'autre on se sent apaisées, émerisées et harmonieuses. L'ambiance est à la décontraction permanente, le stress, l'anxiété sont bannis de cette maison. Les amis passent et repassent à l'improviste et organisent des soupers et autre activités toutes plus fun les une que les autres. Quand on m'interroge sur les raisons de mon escapade, j'expose mon intérêt pour la découverte culturelle, mon attraction pour la rencontre de chacun dans son individualité, l'exploration des différences et des similitudes... Ni une ni deux, les jeunes dénichent un 33 tours, l'installent sur un tourne-disques ringard, déposent délicatement l'aiguille sur le vinyle. "Ça c'est de la particularité culturel, de la tradition" scandent-ils en s'esclaffant et en buvant leur tasse de thé de la façon la plus maniérée possible. Nous écoutons une sorte de "Schlagermusick" accompagnée de chants tyroliens en riant de bon coeur. Teresa se met à peindre les murs de sa chambre et un étrange chaleur m'envahis. Que je suis bien ici, dans ce cocon d'énergie vitale, fluide, simple. Merci mon amie pour le séjour que tu m'a offert, merci de ta confiance, de l'amour que tu as partage avec moi. Continue de voler de la sorte car ton chemin a, je crois, quitté terre. Si jeune, et dé un ange dans le ciel.


Autriche, Tirol: ambiance joyeuse chez Teresa

Autriche, Tirol: entre Innsruck et Saint-Anton


Pourquoi pas un détour? J'oblique au Nord, quitte l'Inn et escalade le col de Holzleitner Sattel (1128m). Le village de Obsteig semble suspendu dans le temps, une église entourée d'un cimetière dans lequel une fontaine coule, un restaurant, une veille auberge décorée de motifs floraux. J'ai le temps d'atteindre le sommet avant que la pluie ne se mette à tomber, une pluie fine s'extirpant des bancs de nuages bas et noirs qui cachent un panorama superbe de versants de forets rouillées et de sapins verts, la neige est plus au Sud, accrochée aux cimes des hauts monts. Providence, une cabane en rondins dans un pâturage sous d'immenses pins d'où pleut sans cesse des aiguilles orangées formant un moelleux tapis. J'y panserai deux jours en compagnie d'un couple de jument Haflinger que j'apprivoise à coup de caresses et de trognons de pommes. Un beau moment en solitaire la haut sur la montagne. 

Autriche, Tirol:Campement pluvieux au col de Holzleitner Sattel (1126m)


Une très jolie descente pour rallier un plaine encastrée entre deux parois de roches qui semblent sans issue et dans lesquels sont accrochés quelques forts médiévaux. Les villages sont étrangement calmes, presque déserts, seuls quelques enfants sur le chemin de l'école. Peut-être est-ce parce qu'il fait froid et que le ciel est encore couvert. Ce n'est qu'à Landeck que je trouve un supermarché. Un requérant d'asile participant à un programme d'occupation vend des journaux à la sortie, je lui offre quelques fruits et pic-nique installée sur un caillou au bord de la Bigerbach. La montée vers Pian est raide, j'arrive à présent vers un lieu qui m'attire depuis des mois, depuis que j'ai entre les mains la carte routière autrichienne. Souvent déjà, il en fut ainsi: les cartes me parlent. Je m'assois des heures durant les yeux fixés sur le papier plié en accordéon, imagine des tracés divers, réfléchis à des itinéraires. D'abord j'ai envie d'aller partout et puis, peu à peu le regarde se fige, une étrange sensation signale que là, c'est l'endroit où aller. Alors la tête démarre avant les jambes, l'idée se cristallise, inexplicablement je sais que c'est là que je dois être. Il en fut ainsi du col de Hohesrad (2036m). Deux jours seront nécessaires à son ascension. D'abord, ça monte doucement le long de la Trisanna, ce qui me permets d'atteindre 1350 mètres d'altitude dans la journée. Je crains de m'élever d'avantage car les nuits deviennent glaciale. Les bourg sont à l'abandon, des stations de sport d'hiver bloquées dans une entre-saison mortelle et défigurées par les constructions hôtelières. Des points sur la carte qui n'existent que pour les touristes. Un "disney land" de chalets typiques, figés dans le temps, illusoires, d'une fausseté déprimante. Toutes les maisons postent un signe "zimmer frei". A cet instant elles sont aussi accueillantes que des glacières oubliées, quel gâchis. J'installe le camps sous l'oeil des chevaux désoeuvrés attendant eux aussi l'arrivée des visiteurs. Cet hivers, ils tirerons des traîneaux de vacanciers qui s'emmitoufleront dans les couvertures à carreaux et jouant les romantiques. Un hélicoptère se pose à quelques centaines de mètres, des joggeuses courent, un vieux cycliste passe pour me montrer une coupure de presse relatant son périple en vélo électrique au Vatican, le fermier et son chien m'interpellent pour me prévenir de me pas m'approcher de la maison pendant la nuit. "Ne vous inquiétez pas, la nuit, je dors". Je souris intérieurement en repensant aux paysans d'ailleurs qui offrent spontanément le gîte et le couvert. Peu importe car je suis bien seule face à la nature, regardant le jour baisser en savourant une soupe de riz. 


Autriche, Voralrberg: La foret automnale sur la monte du col de Hohesrad (2036m)


Des bancs de nuages bas cachent toujours le panorama. Le brouillard forme des strates le long des flancs de montagnes, seule la partie inférieur de la vallée est dégagée. La nature lutte contre la grisaille avec sa robe étincelante, c'est un festival de couleur chaudes qui encourage l'ascension devenue plus ardue. A ma droite des cascades. A force de prendre de l'altitude, la végétation se fait plus vivace, les arbres ont disparu, ne restent que de petits buissons brunis et au sol, l'herbe pelée poussant courageusement dans une terres rocailleuse. Quelques souvenirs Himalayens me reviennent en mémoire. Un lacet, puis deux, j'atteins bientôt la limite du brouillard, c'est ici que je pic-niquerai afin de me préserver du froid. Au milieu d'une morce de sandwich, je lève les yeux. Un trou bleu dans les nuages a visé le sommets glacé d'une montagne environnante. Wouahh! Je me retourne, un autre trous, puis encore un autre. Mon coeur s'emballe, je me commence à chanter, à invoquer le soleil pour qu'il se mette à briller, à m'exclamer sur chaque nouvelles apparition, à répéter un millier de foi "monstre beau!". Le repas prend fin alors que le ciel s'est totalement ouvert, dévoilant la crique glacière au delà du barrage sommital. Le Piz Buin (3312m), le Gr. Litzner (3109m), le Tirolerkopf (3095m), le Fluchthorn (3399m) enserrent le col de Hohesrad (2036m). Par delà ces montagnes, la Suisse, Davos. Il n'y  a plus qu'un bloc de pierre qui nous séparent. Elle devient soudain réel, tangible, accessible, trop proche pour moi, il n'est pas encore temps.  Je suis émue, c'est juste une visite de courtoisie madame, un toisement à distance, un observation recueillie qui dure des heures depuis la terrasse d'un bistro en mangeant une coupe de glace. Être là est un cadeau merveilleux, atteindre ce lieu avec l'éclaircie tient du mystique. Je me sens guidée, protégée, et bénie par une Bonne Étoile qui a été tant de fois présente au cours du voyage qu'elle est devenue un personnage à par entière de l'aventure. 

Autriche, Vorarlberg: Fluchthorn (3399m), depuis le col de Hohesrad (2036m)

Autriche, Vorarlberg: Piz Buin (3244m), depuis le col de Hohesrad (2036m)


L'après-midi décline. Pour redescendre de ce perchoir, il s'agit de zigzaguer à toute vitesse dans 30 virages en épingles d'une raideur vertigineuse. Un must pur les motards. C'est grisant et froid. Un cycliste croisé là m'indique un magasin de vélo compétant et sympathique à Schruns. J'y arriverais le jour suivant. Sur la vitrine est affichée l'annonce d'une présentation donnée au village par deux aventuriers cyclonautes, Dorothee et Kurt, un coupe germano-helvétique qui s'est installé ici après 160'000 kilomètres sur 10 ans autour du Monde. Tout en bichonnant Diogène près d'un banc au milieu du bourg, j'interroge les passants. Savent-ils où logent les deux aventuriers? Beaucoup de dames s'arrêtent, elles m'offrent un café, s'enquièrent de moi, tout en essayant de me renseigner au mieux. Bientôt tout le village est au courant et on fini par me montrer de visu la maison où je souhaite me rendre. Mais Helga ne me laissera pas filer avant de m'avoir offert les quarte-heures dans son bel appartement. Ancienne professeure, elle parle couramment le français et l'anglais. Avec ces deux petites filles et son maris, elle a vécu longtemps en Afrique. Aujourd'hui, elle offre des cours de soutien aux migrants qui souhaitent apprendre la langue autrichienne, elle traduits aussi des ouvrages littéraires. Elle est intarissable en questions et en histoires, on ne voit pas le temps passer. "Je dois aller au théâtre ce soir, mais tiens, je te laisse les clés. Va voir tes amis cyclistes et rentre dormir ici quand tu le souhaites". Oui, aujourd'hui, dans ce Monde, sur cette terre, en Europe de l'Ouest, il existe des gens qui refuse le dictât de la méfiance et de la peur. Des gens qui connectés à eux-mêmes et au Monde savent percevoir ce qui est juste et saint, des gens profondément humain. Rencontrer Helga rassure, donne confiance, repousse les doutes,  donne le sourire, diffuse la joie, rend fier d'être humain. Merci Helga pour ton accueil, ta gentillesse, ta franchise.

Autriche, Vorarlberg: Les 31 contours de la descente du col de Hohesrad (2036m)



Autriche, Vorarlberg: Helga m'invite à passer la nuit chez elle à Schruns 

Dorothee et Kurt m'invitent spontanément à partager leur repas, me montre fièrement leurs bicyclettes. Exposent avec passion leur parcours qu'ils sont parvenus miraculeusement, à force de concessions, de renoncement, d'acceptations et d'abandons, à faire tenir dans un livre épais de 4 centimètres. C'est un choc et un émerveillement. 160'000 kilomètres en quelques centimètres, l'exploration de 5 continents sur une dizaine de photographies, 10 ans de Vie qui se résume sur quelques centaines de pages. J'observe le livre en allemand avec un mélange de respect et de désolation, admiration profonde et consternation. Cet objet, je le considère comme une relique précieuse, un livre saint, le Bhagavad-Gîtâ... Et c'est tout? Un si petit espace qui renferme une si grande aventure, et c'est tout? Comment peut-on confiner le Monde à ce point? Il a fallu en raboter des coins, pour y parvenir. Mon admiration est sans borne. En même temps, je ressens à la fois tristesse et envie pour ces deux baroudeurs du temps où les portables et internet n'existaient pas, du temps des traveler-checks et des services postaux, car je sais à quel point les mots sont réducteurs... et ils y sont parvenus! Leur espace d'expression a été si limité, suis-je capable de subir un tel choc? Une soirée belle, instructive, familiale, simple, une leçon de vie.



Autriche, Vorarlberg, Schruns: rencontre avec Dorothee et Kurt, 10 ans de voyage à vélo, 160'000km et 5 continents 



Marre de la montée aujourd'hui, pourtant il le faut. La plaine qui s'en va vers le Bodensee, la Suisse, n'est pas mon itinéraire. Elle est large et agricole, construite et courue, difficile d'y trouver un lieu de couchage. J'escalade donc ses pentes Nord au dessus de Thuringen où se déroule une fête villageoise pleine de produits régionaux. Le camps est planté en début d'après-midi déjà, au bord d'un étang poissonneux dans lequel les pécheurs lancent leurs hameçons. J'y reçois bon accueil. Après les émotions de la vielle, j'ai besoin de repos. Malgré le froid, le soleil brille.

Le lendemain, à mon grand désespoir, la route redescend en direction du fond une étroite vallée. Autour de moi, la foret est en feu, les vaches sont maintenant d'un brun crémeux, une race plus adaptée à l'altitude, elles portent cornes et cloches. Les maisons villageoises sont ornées de cranes de chevreuils et de bouquetins cornus, où qu'on soit sur terre, toujours les mêmes symboles! J'adore observer ces marques de similitude entre les diverse peuples du Monde. Nos ressemblances nous rapprochent-elles?

Me voilà au pied d'un mur de plus de 800m de haut. Il va falloir l'escalader pour atteindre le col de Faschinajoch (1486m). La route marque des virolets pentus, les derniers kilomètres seront pénibles, d'une raideur folle. Au sommet, on épand le purin sous les remontées mécaniques des pistes de ski. C'est par un tunnel ouvert sur le coté que je dégringole la pente vers la vallée de la Brengenz toute verte, alors que plus haut tout est d'un rouge flamboyant.  Pic-nic sur un banc de Au, sous une croix ornée de têtes de mort et portant un Jésus pendu. Un symbole macabre radoucis par un soleil radieux, les températures sont si douces que je m'offre une sieste. Délicieux moment d'abandon, de rêverie et de repos. 


Autriche, Vorarlberg: montée du col de Hochtannbergpass (1679m)

Il se fait tard, atteindre les 1676m du Hochtannberg n'est pas raisonnable. Aujourd'hui, j'aurais gravi plus de 1200m de dénivelé, c'est suffisant... Les pentes sont raides et le paysage de plus en plus typique et naturel. Je me sens privilégiée dans ce décors alpin, plein de sommets gris roches, de forets de sapin verts, de pâturages à vaches curieuses et de silence. Schrocken est le dernier village avant le sommet, un couple âgé remplit mes réservoirs d'eau, m'alerte du mauvais temps qui arrive et m'indique un parking un peu plus haut qui pourrait accueillir ma tente pour une nuit. Dès que le soleil se cache derrière les montagnes, le froid est mordant. Le tenancier du petit chalet-café sur le parking m'offre un bonnet d'aviateur fourré. Il montre un engouement sans borne pour le périple. Son fils est actuellement en voyage lui aussi, conducteur automobile, c'est un férus de route de montagnes. Dans ce pays, il doit être servis. La nuit tombe alors que seule, surplombant la foret, j'avale silencieusement une soupe chaude. Un couple de chevreuils sort du bois, et des étoiles s'illuminent... Je suis bien, tranquille, entière. Merci Mère Nature de m'offrir inlassablement le cadeau de ton merveilleux spectacle. 

Il pleut, et sur les sommets des glaciers qui se nichent entre des barres rocheuses, il neige. Je pédale en botte plastifiées, emmitouflée dans mes vêtements. Encore quelques lacets et c'est le col, je ne m'y attarde pas, il gèle. La descente n'aide pas à faire monter la température, elle est interminable et me lasse étrangement alors qu'elle aurait pu être une belle récompense à l'effort fournis. Le mauvais temps m'inquiète. Que faire, trouver un logement, rester sous tente un jour entier, pédaler vite pour atteindre une région plus épargnée J'avance à toute vitesse dans la vallée de Lech. Je me sens fatiguée et lasse de la grisaille, décide de couper vers la frontière à la hauteur de Weissenbach am Lech et quitter bientôt l'Autriche par le col de Oberjoch. Avant cela, il faut d'abord escalader quelques virages en épingle accrochés au flanc de la montagne et atteindre le col de Gaicht (1083m). L'ascension s'effectue rapidement et avec plaisir. Je suis maintenant dans un environnement de paysannerie alpine, la région regorge de spécialités campagnardes: fromages, saucisses, artisanat... Il ne pleut pas, mais de grosses barres de nuages vaporeux, foncés, type brouillard, ne laissent rien présager de bon. Elles avancent dans mon dos et ne vont pas tarder à me rattraper, il faut que je plante le camps. Je fais le plein d'eau à la fontaine de la chapelle du village de Haller et cherche un coin propice à proximité du lac de Halder. Malheureusement, les environs sont trop touristiques: auberges, chambres d'hôtes, campings, hôtels proposent des logements. Je poursuis ma route malgré la pluie qui commence à tomber. A la sortie du village, un terrain de foot en friche. Un de ses coins près de la foret fera très bien l'affaire, de toute façon, l'averse s'accentue, je n'ai pas le temps de tergiverser. 

Mes affaires sont mouillées, demain, on attend encore de la pluie. Il faut à tout prix que je sèche mes vêtements si je ne veux pas geler sur place le jour suivant. J'organise donc un système. D'abord me changer pour me pas me transformer en glaçon et m'enfiler prestement dans mon sac de couchage heureusement très bien adapté aux températures négatives. Puis, me frotter les pieds et les mains pour les rechauffer. Ensuite, j'enfile tour à tour les vêtements trempés afin de leur fournir la chaleur nécessaire à les sécher. L'air est humide et glacé, il faut donc les étendre à l'intérieur du sac de couchage et plus près possible du corps. Dehors il se met à neiger, c'est la première foi que je vis pareille situation en solitaire. Serais-je à la hauteur?

Au matin, tout est blanc, les nuages hauts laissent voir les montagnes environnantes. C'est très beau, comme un cadeau qui contrebalances l'inconfort de la nuit. De plus, je me sens fière. Camper sous la neige m'a toujours causer de l'inquiétude, cette nuit, j'ai réalisé cet exercice seule, calmement et sans trop de difficulté. Il fait si froid que je prends mon petit déjeuner en marchant autour de la tente. Les pistes cyclables n'emmènent vers la frontière allemande. Elles sont déjà dégagées car le soleil a maintenant percé, ce qui donne au paysage des airs de carte postales. Les arbres gouttent abondamment et certaines parcelles de pâture très exposées redeviennent vertes. Je m'élève dans la montée du Oberjoch (1180m), le désormais traditionnel panneau étoilé signale un nouvelle fois "Bundes-Republik-Deutschland".


Autriche, Tirol: Nuit sous la neige à l'approche du col de Oberjochpass (1180m)












2 commentaires:

  1. C'est dingue de vivre ce retour en te lisant, en conscience. Moi qui suis en Chine, je comprends très bien tes ressentis face à la modernité agricole ou le train train quotidien occidental.
    A bad Reichenthall, nous avons eu le délice de rencontrer ces 2 copines de voyage, un très beau moment passé avec elles et leurs pizzas maison, végan.
    Nous voila a Dali, dans l'auberge de Heimat, un ilustre voyageur a velo qui nous offre la couche pour 3 nuits, dans son auberge! quelle Hospitalité! Déjà 6 mois de voyage, on est heureux!

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  2. je suis
    celui dont ton parle le sorcier HOUNON Amangnon je peut intervenir dans les domaines suivants amour!retour de l'être aimé,maraboutage d'une femme ou d'un homme, mettre fin à un divorce, attirer quelqu'un chance grigri pour avoir plus de chance aux jeux,pour être un peu moins poissard dans la vie. travail : incantations magiques pour trouver un travail, ne pas se faire virer, rituels
    pour être augmenté, rituels pour réussir les entretiens d'embauche business et affaires:grigri à utiliser quand on monte une entreprise, talisman pour mieux négocier les contrats, prières pour faire venir les clients et attirer des partenaires. . N'hésitez pas à me contacté par mail: maraboutpuissant201600@outlook.fr , site : s://maitremaraboutpuissant.blogspot.com et par tél: 00229 67 88 27 01,réussi là ou les autres ont échoue

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